THEOPHILE.
2 ouvrages en 1 volume in-4. 1). 24ff. 463pp. 2). 12ff. Plein vélin rigide à rabats, dos lisse, titre à l'encre (reliure du 18e siècle). 1). Edition très rare, imprimée à Louvain, de la paraphrase en grec par Théophile des Institutes de Justinien, dont il fut l'un des rédacteurs. Théophile était un jurisconsulte byzantin qui vivait au 6e siècle de notre ère et qui enseignait la jurisprudence à Constantinople. Sa paraphrase de Justinien, dont Larousse dit qu'elle en est le meilleur commentaire et qu'elle contient "de précieux renseignements sur des particularités de l'ancien droit romain", fut publiée pour la première fois à Bâle en 1534 par le jurisconsulte hollandais Van Zuichem (1507-1577). La présente édition fut éditée et imprimée par l'humaniste et libraire-imprimeur hollandais Rutgerus Rescius (mort en 1557), ami d'Erasme et helléniste distingué qui fut notamment le professeur de grec de Vésale et son premier éditeur. Elle contient notamment pour la première fois les notes de l'érudit et humaniste néerlandais Pierre Nanninck (1500-1557), qui enseignait à la faculté de droit de Louvain au sein de laquelle la publication de cette édition provoqua des discussions parfois houleuses autour de l'interprétation du texte grec. 2). Edition Originale. Très rare mémoire de controverse composé par Pierre Nanninck à l'encontre de Jacobus Curtius Brugensis, professeur de droit à Louvain et ancien élève de Rescius et de Juan Luis Vivès, qui venait de publier en cette même année 1536 une traduction latine commentée des paraphrases de Théophile, où il proposait une interprétation divergente de celle de Rescius et Nanninck. Accroc dans la marge du dernier feuillet du second ouvrage, atteignant quelques caractères. Très bon exemplaire par ailleurs.
[ SPERANSKY (Mikhail Mikhailovic?) ].
in-8. 187pp. VII. Plein maroquin vert à grain long, plats ornés d'encadrements dorés et frappés à froid, dos à faux nerfs orné (fine reliure de l'époque). Edition Originale de la traduction française du dernier ouvrage de l'auteur publié de son vivant, parue simultanément avec la version originale russe. C'est un tableau des fondements historiques de l'immense projet que lui avait confié le tsar Nicolas Ier et qu'il venait de mener à son terme: la première codification systématique de la législation russe. "Speranskii spent five years, from 1828 to 1833, creating the Complete Collection of Laws of the Russian Empire and the Digest of Laws of the Russian Empire, an endeavour that his biographers would rightly call the chief accomplishment of his life. With the production of the Complete Collection and the Digest, Speranskii completed the work of nearly a century and a half of Russian history, crowning the numerous attempts to systematize Russian legislation dating back to Peter the Great. This grand work, comparable to the famous systematization of Roman Law under Emperor Justinian exactly thirteen hundred years earlier (528-534), grounded Russian law solidly upon legislation that had evolved since the middle of the seventeenth century" (Valliere et Poole). Mikhail Speransky (1771-1839) fut l'un des plus importants réformateurs russes de son époque. Disciple de Montesquieu, il fut l'un des conseillers favoris d'Alexandre Ier avant de tomber en disgrâce en 1812. Condamné à l'exil, c'est sous le règne de Nicolas Ier qu'il fut rappelé près du trône impérial pour entreprendre son grand chef d'uvre. Il existe une certaine confusion sur l'auteur de la traduction: certaines sources l'attribuent à Speransky lui-même, d'autres au général Boyer (1772-1851) mais le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France la range parmi les uvres du jurisconsulte polonais Alexandre Thye (1803-1846), conseiller d'État, procureur général du Sénat du royaume de Pologne et pianiste, ami de Frédéric Chopin et de George Sand. Précieux exemplaire offert par l'auteur à Charles-André de Pozzo di Borgo (1768-1842), séparatiste corse animé d'une haine féroce de Napoléon qui le conduisit à se mettre au service de la Russie dont il devint l'ambassadeur. Il est superbement relié en maroquin vert et porte un envoi autographe signé de l'auteur sur la première page de garde en papier rose: "A son Excellence Monsieur Pozzo di Borgo, Ambassadeur Extr. et Ministre Plénipotentiaire de S. M. L'Empereur de Russie. De la part de Mr. Speransky". Quelques rousseurs éparses. Magnifique exemplaire. Sur les travaux de Speransky cf. Valliere et Pooole, "Law and the Christian Tradition in Modern Russia" (2022).
CAMARIOTA (Matthaeus).
Ensemble 7 ouvrages en 1 volume in-4. 1). 1f. 20pp. 1f. 2). 4ff. 93pp. (les pp. 48-49 n'existent pas). 7ff. 133pp. 4ff. 3). 24pp. 4). 12ff. 5). 12ff. 6). 16ff. chiffrés. 7). 7ff. (1f.blanc). 103pp. Plein vélin souple du temps, inscription manuscrite ancienne au dos: "volume de mélanges grecs latins". Précieux recueil de sept ouvrages rares concernant l'étude de la langue et de la culture grecque. 1). Edition Originale. Matthaios Kamariotis (mort en 1490) fut l'un des derniers lettrés byzantins. Originaire de Thessalonique, Il enseignait la rhétorique à Constantinople quand la ville fut prise par les Turcs le 29 mai 1453. 2). Première Edition Latine. Le lexicographe et grammairien Phrynichios Arabios vivait au 2e siècle de notre ère et son lexique du dialecte attique est un précieux témoignage sur l'emploi du grec à son époque. 3). Edition Princeps de cette déclamation du grand rhéteur grec Libanius (314-400), accompagnée de sa traduction latine. Ce texte mettant en scène un parasite mondain constitue un véritable petit chef d'uvre d'humour. 4). Edition Princeps du "Catalogue Lamprias", liste des ouvrages de Plutarque qui constitue l'une des premières bibliographies. 5). Edition parisienne "rare" (Brunet) du texte grec de l'Enchirdion d'Epictète. 6). Edition parisienne rare de la traduction latine de l'Enchiridion d'Epictète. 7). Collection de traductions latines de textes grecs, parmi lesquelles se distingue une histoire ancienne en deux livres écrite par l'écrivain byzantin Gemistos Plethon. Plethon est né à Constantinople et a passé une grande partie de sa vie à Mistra dans le Péloponnèse, un important centre culturel de l'Empire byzantin médiéval tardif. Il a été l'un des premiers défenseurs du néo-hellénisme, croyant que le peuple du Péloponnèse était l'héritier direct des anciens Grecs. L'ouvrage comprend également des discours de Dionysius d'Halicarnasse, ainsi que plusieurs autres uvres mineures d'écrivains grecs. Traces de mouillures aux derniers feuillets. Bel exemplaire dans son vélin d'origine. 1). Brunet, I, 1510. 4). Adams, I, 616-96. 5). Brunet, II, 1011.
ROUSSEAU (J. J.).
4 volumes in-12. Frontispice. 2ff. X. 1f. 442pp. 1 planche hors-texte + Frontispice. 2ff. 383pp. + Frontispice. 2ff. 328pp. + Frontispice. 2ff. 463pp. 2ff. Plein maroquin rouge, dos lisses richement ornés, triple filet doré encadrant les plats avec fleurons d'angle, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert, filet doré sur les coupes, tranches dorées, gardes de papier doré étoilé d'Augsbourg (Crucifix). Troisième édition parue à la date de l'originale, de ce texte immédiatement censuré qui marque un jalon fondamental dans l'histoire de la pédagogie. Elle fut imprimée à Lyon avec l'accord de Duchesne, l'imprimeur de l'édition originale parisienne. Elle est agrémentée de cinq illustrations gravées, inspirées de celles d'Eisen pour l'édition de Paris. Cet exemplaire est notamment bien complet des deux feuillets du privilège rédigés en néerlandais, insérés à la fin du quatrième tome ("Privilegie. De Staaten van Holland en West-Vriesland."). Exemplaire exceptionnel relié à l'époque en maroquin rouge signé par le relieur Pierre-Claude Crucifix (mort en 1768), avec sa petite étiquette gravée: "Relié par Crucifix, Rue du Foin, vis-à-vis la petite Porte de Mathurins". McEachern, Bibliography of the writings of Jean-Jacques Rousseau to 1800, 3a. Sur le relieur Crucifix, cf. Gruel, "Manuel de l'amateur de reliures", 1905, II, p.50. Sur la genèse de cette édition lyonnaise, cf. cf. D. Varry, "Un Lyonnais pris en flagrant délit d'impression du Contrat social", in "Histoire et civilisation du livre", III, 2017, p. 123-141.
GILBERT (Gabriel).
Ensemble 6 ouvrages en 1 volume in-12. 1). Frontispice gravé. 4ff. 98pp. (1f.blanc). 2). 6ff. 71pp. 3). 3ff. 112pp. (interversion de feuillets). 4). 2ff. 108pp. 5). 4ff. 47pp. 6). 2ff. 44pp. Plein veau brun moucheté, dos à nerfs orné (reliure de l'époque). Précieuse collection de quatre pièces de théâtre et deux recueils poétiques du dramaturge parisien Gabriel Gilbert (1610-1680), reliés ensemble à l'époque, en un seul volume. Ils sont tous en édition originale, aucun d'eux n'ayant fait l'objet d'une première édition au format in-4 comme c'était pourtant souvent l'usage pour l'édition des uvres de théâtre. Celui qui fut secrétaire de la duchesse de Rohan, puis de la reine Christine de Suède, était donc aussi l'auteur de quelques tragédies dont certaines ont eu un certain succès. Bien qu'il soit presque oublié de nos jours, certains érudits comme Soleinne n'ont pas manqué de relever qu'il exerça une influence notable sur les auteurs de son époque, y compris les plus illustres comme Racine et Corneille. "Fidèle observateur des préceptes d'Aristote, et l'un des premiers qui aient écrit pour le théâtre avec correction, avec la régularité française, Gilbert fut bien, à cet égard du moins, le précurseur de Racine" (Larousse). La première pièce du recueil ("Les Amours de Diane et d'Endimion"), ornée d'un frontispice gravé, fut composée à Rome où l'auteur avait suivi la reine Christine. C'est une sorte de "tragi-comédie à la manière de la Psyché de Molière" que la reine avait commandé à son secrétaire pour évoquer, de manière à peine voilée, ses amours avec le Cardinal Decio Azzolino (1623-1689). Les deux opuscules de poésie, ("L'Art de Plaire" et le "Poème à la Reyne de Suède") sont également tous deux dédiés à la Reine. Bel exemplaire portant un ex-libris armorié du 18e siècle que nous n'avons pas pu identifier (le nom du possesseur a été gratté), une note manuscrite sur Gilbert à la fin du volume, extraite des "Anecdotes Dramatiques" de 1775 et de Sabathier, et une autre note d'achat d'une autre main indiquant "Lyon 23 floréal II - 10 sols ce vol. relié". Soleinne, 1191: "Gilbert, écrivain très estimable, a malheureusement été eclipsé par les poëtes dramatiques du premier ordre, qui ne dédaignèrent pas de l'imiter. () (il) fut mis à contribution par tous ses rivaux contemporains".
[ PARADIN (Claude) ].
2 ouvrages en 1 volume petit in-8. 1). 120ff. 2). (1f.blanc). 52ff. Plein veau, dos à nerfs orné, triple filet doré autour des plats avec fleurons dorés dans les angles (reliure du 18e siècle, coins émoussés). 1). Deuxième édition, en grande partie originale, de ce "pur chef-d'uvre de l'école lyonnaise" (Brun) du livre illustré de la Renaissance, dont l'imprimeur Jean de Tournes et le peintre-dessinateur Bernard Salomon furent les plus célèbres protagonistes. Ornée d'un titre inscrit dans un bel encadrement d'arabesques gravées, et de deux cent trente-et-une gravures sur bois d'après les dessins de Bernard Salomon, cette édition contient trente-trois gravures de plus que la première de 1533. 2). Edition Originale illustrée de quatre-vingt-seize gravures sur bois d'après Bernard Salomon. L'exemplaire de la Morgan library présente, comme le nôtre, les "Quadrins Historiques" de 1555 et les "Figures du Nouveau Testament" de 1556 reliés ensemble. Exemplaire assez joliment relié en veau blond au 18e siècle. Il est court de marges: le couteau du relieur a rogné quelques millimètres des ornements des deux pages de titre ainsi que quelques bandeaux décoratifs et une demi-ligne de texte, en haut de deux pages. Très bon exemplaire par ailleurs. 1). Cartier, Bibliographie des éditions des de Tournes, 292. Brun, Le livre illustré de la Renaissance, 132.
in-8 carré. Frontispice. 15pp. Broché, couverture imprimée. Edition Originale. Récit détaillé par Eugène Montfort (1877-1936), l'éditeur extravagant et controversé de la revue littéraire "Les Marges", de la secrète collaboration à sa revue de son ami Guillaume Apollinaire (1880-1918) qui y publia en 1909, sous le nom d'une mystérieuse Louise Lalanne, plusieurs articles consacrés à la littérature féminine. Frontispice photographique représentant "Guillaume Apollinaire à l'époque de Louise Lalanne": couché sur un sofa avec les jambes couvertes d'un plaid, le sol jonché de livres. L'un des vingt-cinq exemplaires sur papier d'Arches, numéroté et paraphé par l'auteur. Bel exemplaire, non rogné. Sur la supercherie de Louise Lalanne par Guillaume Apollinaire, cf. Fernand Chaffiol-Debillemont "Eugène Montfort et les Marges", in: Revue des Deux Mondes (1829-1971), (15 JANVIER 1967), pp. 201-213.
in-4. 6ff. 109pp. 1f. Plein veau brun, dos à nerfs orné (reliure de l'époque, charnière supérieure fendue, plats supérieur taché, étiquette manuscrite ancienne sur le premier plat). Edition Originale de cette tragédie qui fut jouée devant Louis XIV par les jeunes filles du pensionnat de Saint-Cyr, destiné à fournir une éducation aux demoiselles issues de la noblesse pauvre. Joseph François Duché de Vancy (1668-1704) avait été élevé dans la proximité de la cour royale où son père était gentilhomme ordinaire de la cour du roi. Dès sa vingtième année, il obtint de grands succès sur la scène lyrique en présentant des ballets et des opéras au château de Marly et au château de Versailles. Ayant attiré l'attention de la maîtresse du roi Madame de Maintenon, il se vit confier pour la Maison de Saint-Cyr la production de poésies sacrées, histoires édifiantes et tragédies religieuses comme cette tragédie "Absalon" pour laquelle il obtint une pension. Représentée pour la première fois devant le roi en 1702, la pièce ne fut pas donnée à Paris avant le 7 avril 1712, dix ans après la mort de l'auteur survenue prématurément à l'âge de trente-sept ans en 1704. De fait, la plupart de ses uvres dramatiques furent représentées de façon posthume. Traces d'usure à la reliure mais bon exemplaire provenant de l'une des bibliothèques les plus prestigieuses de son temps, celle de Jean-François-Paul Le Fèvre de Caumartin (1668-1733) avec son ex-libris gravé portant la cote inscrite à la main.
in-folio. (2ff.blancs). 30ff. (1f.blanc). Broché, en feuilles tel que paru, présenté dans un emboîtage postérieur dont le dos et les bordures extérieures sont recouvertes de maroquin vert, avec une grande reproduction de la couverture au centre des plats (attribuable à Brugalla). Edition Originale tirée à 150 exemplaires seulement, de cette uvre emblématique née de la collaboration entre Georges Barbier (1882-1932), figure de proue de l'Art Déco, et le graveur François-Louis Schmied (1873-1941). Imprimé sur Vélin de cuve de Hollande, cet ouvrage se distingue par son exploration des rôles iconiques du théâtre mondial, enrichie par le texte méditatif d'Albert Flament daté de 1914, qui navigue entre rêve et réalité pour offrir une réflexion sur l'art de l'interprétation théâtrale. Les dessins de Barbier, maître incontesté de l'illustration de l'époque Art Déco, sont des compositions décoratives d'une beauté exceptionnelle, évoquant les mythes du théâtre à travers des images fines. Elles furent notamment saluées par des poètes, tels que Paul Valéry, pour leur puissance d'évocation. L'ouvrage constitue un important jalon dans l'histoire de l'art décoratif du 20e siècle, reflétant l'apogée de l'Art Déco et de son esthétique raffinée. La collaboration entre Barbier et Schmied, ainsi que le texte évocateur de Flament, créent un univers où l'imaginaire et le décoratif se rencontrent, offrant une vision onirique et éthérée de la comédie humaine. "Personnages de Comédie" constitue également un témoignage éloquent de l'harmonie parfaite entre texte et illustration, constituant un chef-d'uvre de l'Art Déco qui continue d'inspirer et de fasciner par sa beauté intemporelle et son exploration profonde des thèmes du théâtre et de l'interprétation. Très bel exemplaire, en feuilles, tel que paru dans sa couverture imprimée et présenté dans un superbe emboîtage légèrement postérieur, attribuable à Brugalla. Numéro 105 signé par Barbier.
in-16. 8ff. 336pp. 7ff. (1f.blanc). Plein vélin postérieur, dos à nerfs orné, toutes tranches dorées, ex-libris doré de Josep Triadó au centre des plats (reliure du début du 20e siècle). Ravissante édition bilingue des fables d'Esope, imprimée à Genève en français et en latin par le célèbre imprimeur Jean de Tournes. Elle est ornée de quatre-vingt-dix-huit charmantes vignettes gravées sur bois dans le texte d'après les dessins de son illustrateur favori, Bernard Salomon (1506-1561). Le texte est imprimé à deux colonnes: en caractères ordinaires pour le latin et en caractères de civilité pour la traduction française (en prose). Peintre et illustrateur résidant à Lyon, tout comme son partenaire imprimeur Jean de Tournes qui s'exila plus tard à Genève pour échapper à la contre-réforme, le "Petit Bernard" - comme on l'appelle aussi - joua un rôle de premier plan dans l'émergence, à partir de 1550, du livre illustré au moyen de vignettes gravées sur bois. Cette édition ne semble figurer dans aucune collection institutionnelle française. Worldcat n'en localise que deux exemplaires (Universitätsbibliothek Mannheim et Bibliothèque de Genève qui reproduit intégralement son exemplaire en ligne, malgré son mauvais état). Bel exemplaire soigneusement établi au tournant du 20e siècle pour le dessinateur, graveur et peintre barcelonais Josep Triadó i Mayol (1870-1929), avec sa devise en catalan frappée en lettres dorées sur les plats: "A bon seny no hi val engany". Sur Bernard Salomon cf. Natalis Rondot, "Bernard Salomon Peintre et Tailleur d'Histoires à Lyon au XVIe siècle" (Lyon, 1897).
in-12. 112pp. 13 planches gravées hors-texte dont 8 dépliantes. Plein vélin rigide de l'époque, dos à nerfs. Première Edition Collective, imprimée à Parme, de ce précieux recueil de problèmes géométriques résolus par le mathématicien sicilien Ruggero Ventimiglia (1670-1698) et son correspondant Girolamo Saccheri (1667-1733), le célèbre précurseur de la géométrie non-euclidienne, respectivement âgés de vingt-quatre et de vingt-sept ans. Issu d'une grande famille sicilienne qui avait notamment entretenu des liens avec les célèbres mathématiciens Francesco Maurolico (1494-1575) et Giovanni Borelli (1608-1679), Ventimiglia avait publié en 1690, à l'âge de vingt ans, les solutions à douze problèmes géométriques qu'un géomètre hollandais anonyme "caché derrière le tableau" ("geometra post tabulam latens") avait publiés vers 1675 en guise de défi académique. Ces solutions ("Enodationes duodecim problematum a Geometra post tabulam latente propositorum"), étaient accompagnées d'un nouveau problème qu'il soumettait à ses pairs, sous le titre de "Unum ad Omnes". Le problème étant resté sans réponse, il le publia à nouveau en 1692 ("Geometram Quaero", livre aujourd'hui disparu), avec six nouveaux problèmes. C'est alors qu'un autre jeune prodige, le jésuite Girolamo Saccheri, décida de lui répondre en publiant son premier livre, intitulé "Quaesita Geometrica" (1693). Le présent ouvrage recueille, sous le titre évocateur de "Sphinx Geometra", l'ensemble des textes publiés par les deux jeunes mathématiciens sur ces problèmes géométriques et leurs solutions: les énoncés des douze problèmes initiaux et leur solution par Ventimiglia, les nouveaux problèmes qu'il posa ensuite et enfin le texte complet de la réponse de Saccheri. Personne ne semble savoir qui est à l'origine de la publication de cet ouvrage presque inconnu, dédié par l'imprimeur au Prince Francesco Farnese, mais tout semble porter à croire qu'il s'agit de Saccheri lui-même ou de son entourage. En effet, outre la proximité de Parme avec Milan où Saccheri résidait et où il publia la plupart de ses ouvrages (bien loin de la Sicile de Ventimiglia), il est intéressant de noter que huit des treize planches de l'ouvrage sont en fait les mêmes huit planches originales de sa "Quaesita Geometrica" de 1693. Dans un long article de quarante pages paru en 1983, Aldo Brogaglia et Pietro Nastasi ont éclairé l'intérêt de ce premier ouvrage de Saccheri, qui mettait notamment en évidence son intérêt pour la géométrie projective ainsi que les sources organiques de sa pensée mathématique. Cet article dessinait également les contours de la carrière scientifique de Ruggero Ventimiglia, figure brillante mais fugace des mathématiques italiennes du 17e siècle, mort à vingt-huit ans et dont les travaux ne subsistent qu'à travers quelques publications comme celle-ci, pratiquement impossibles à obtenir. Quatre exemplaires seulement de cet ouvrage sont répertoriés dans les bibliothèques publiques d'Italie (Biblioteca Nazionale Napoli, Biblioteca Universitaria Pavia, Collegio Nazareno Roma et Biblioteca Grosso, Torino). Nous n'avons pu en localiser qu'un seul exemplaire dans les collections américaines (Huntington Library), deux exemplaires en Grande Bretagne (Trinity College à Cambridge et University College London), et un exemplaire à Bergen en Norvège. Il n'en existe aucun exemplaire dans les collections publiques françaises. Important exemplaire provenant de la bibliothèque d'Alberto Pascal (1894-1918) qui, malgré son jeune âge, fut l'un des premiers biographes de Saccheri et qui disparut prématurément pendant la première Guerre Mondiale. Cet exemplaire qu'il mentionne dans son article consacré à Saccheri ("raro libretto di cui ho potuto acquistare recentemente una copia") porte ses discrètes initiales "A.P." dans l'angle supérieur de la page de titre, et parvint après sa mort entre les mains de son frère Mario Pascal (1896-1949), également mathématicien, qui y apposa son cachet triangulaire. Mouillure angulaire claire affectant discrètement les deux premiers cahiers. Bel exemplaire imprimé sur papier fort et relié dans son vélin d'origine, contenant 13 planches dépliantes au lieu des 11 décrites dans toutes les collations que nous avons trouvées. Voir Brigaglia et Nastasi, "Le soluzioni di Girolamo Saccheri e Giovanni Ceva al 'Geometram quaero' di Ruggero Ventimiglia: Geometria proiettiva italiana nel tardo seicento" in: Arch. Hist. Exact Sci. 30, 744 (1984). Voir également Brigaglia "Saccheri vu par Corrado Segre en Italie et par Mansion et Bosmans en Belgique" in: Bulletins de l'Académie Royale de Belgique (2010), n°21, pp.83-104. Catalogue de la vente Libri, 1413. Voir Alberto Pascal, "Girolamo Saccheri nella rita e nelle opere" in: Giornale di Battaglini v . 52 , 1914.
2 ouvrages en 1 volume petit in-8. 1). 120ff. 2). (1f.blanc). 52ff. Plein veau, dos à nerfs orné, triple filet doré autour des plats avec fleurons dorés dans les angles (reliure du 18e siècle, coins émoussés). 1). Deuxième édition, en grande partie originale, de ce "pur chef-d'uvre de l'école lyonnaise" (Brun) du livre illustré de la Renaissance, dont l'imprimeur Jean de Tournes et le peintre-dessinateur Bernard Salomon furent les plus célèbres protagonistes. Ornée d'un titre inscrit dans un bel encadrement d'arabesques gravées, et de deux cent trente-et-une gravures sur bois d'après les dessins de Bernard Salomon, cette édition contient trente-trois gravures de plus que la première de 1533. 2). Edition Originale illustrée de quatre-vingt-seize gravures sur bois d'après Bernard Salomon. L'exemplaire de la Morgan library présente, comme le nôtre, les "Quadrins Historiques" de 1555 et les "Figures du Nouveau Testament" de 1556 reliés ensemble. Exemplaire assez joliment relié en veau blond au 18e siècle. Il est court de marges: le couteau du relieur a rogné quelques millimètres des ornements des deux pages de titre ainsi que quelques bandeaux décoratifs et une demi-ligne de texte, en haut de deux pages. Très bon exemplaire par ailleurs. 1). Cartier, Bibliographie des éditions des de Tournes, 292. Brun, Le livre illustré de la Renaissance, 132.
in-8. 6pp. 2ff. 499pp. 8ff. Demi-veau, dos à nerfs orné (reliure du 19e siècle). Première Edition de la traduction française du "Tetras Gravissimorum totius Capitis affectum" du médecin et chimiste Joseph Duchesne, Sieur de la Violette (1544-1609). Après un long séjour en Allemagne, Duchesne devint médecin ordinaire de Henri IV et se livra aux études alchimiques s'attachant à promouvoir les idées de Paracelse et les médicaments chimiques tirées des métaux et des minéraux. Ce rare ouvrage de neurologie a un arrière-fonds alchimique, notamment à travers les préparations et formules des médicaments, tirés de la pratique hermétique. La dernière partie du volume traite spécialement de ce sujet: "De la Signature interne du Vitrio", "De l'Antimoine", "De l'Or et de l'Argent", "De l'Argent vif ou Mercure", etc. Cachet sur la page de titre (bibliothèque de la Société Historique de Gascogne, société savante fondée à Auch en 1859 et dissoute en 1939). Bon exemplaire. Brunet, 856. Cf. Ferguson, II, 236-237.
in-folio oblong. 20 planches numérotées. Percaline du temps, inscription "F. Lameyer" en lettres dorées sur le plat supérieur (sommaire réparation ancienne au dos). Edition Originale. Rarissime suite gravée de scènes de genre exécutée dans le sillage direct des "Caprichos" de Goya: danses populaires, bagarres, mendiants, scènes de cabaret, familles gitanes, etc., Francisco Lameyer (1824-1877) fut une figure mal connue des beaux-arts de son époque. Cet exceptionnel graveur en bois manifesta d'abord son talent, dès l'âge de quinze ans, par les gravures de quelques-unes des premières éditions espagnoles illustrées en bois de fil. Il embrassa ensuite à dix-neuf ans la carrière de la marine militaire qui fit de lui le plus voyageur des artistes espagnols de son temps, et le principal représentant espagnol de l'école orientale, visitant sans relâche l'Europe (France, Italie), l'Afrique du Nord (Maroc), l'Orient (Palestine) ou l'Asie (Philippines, Chine, Japon). A trente-cinq ans il dut quitter la marine en raison d'une santé fragile et mourut prématurément en 1877, à l'âge de cinquante-quatre ans. En regardant aujourd'hui sa courte vie et son uvre féconde, il est surprenant de constater que Lameyer s'est essayé à pratiquement toutes les techniques artistiques de son époque : peinture, huile, dessin, crayons, aquarelle, gravure sur bois, métal et pierre, même lorsque la lithographie était encore pratiquement inconnue en Espagne. Il a également abordé divers styles et genres, en tant que dessinateur illustrateur, peintre de scènes de la vie quotidienne, orientaliste, portraitiste à l'occasion, peintre d'histoire sacrée et de sujets taurins, ainsi qu'un exceptionnel disciple de Goya. Lameyer était en effet un fervent admirateur de Goya, dont il a nourri son inspiration tout au long de sa vie sans jamais chercher à l'imiter. Comme c'était aussi le cas pour son maître, la vie du peuple, avec une certaine touche romantique, lui offrait une palette de sujets pittoresques qu'il ne trouvait pas dans les sujets académiques. La présente suite gravée est d'une exceptionnelle rareté. Le principal biographe de Lameyer, Fernando José Martínez Rodríguez, n'est parvenu à en localiser que six exemplaires (cinq complets) en 2007: un exemplaire conservé chez les héritiers de l'artiste, trois exemplaires complets au Musée du Prado, à la Bibliothèque Nationale de Madrid et à la Bibliothèque Lázaro Galdiano, un exemplaire incomplet au Musée Romantique de Madrid et enfin un seul exemplaire hors d'Espagne, au Metropolitan Museum de New-York. Quelques rousseurs. Inscription manuscrite ancienne grattée dans la marge du feuillet de titre (dédicace de l'auteur?). Très bon exemplaire.
in-8. 6ff. 173pp. (1f.blanc). Plein veau moucheté, dos à nerfs orné, triple filet doré encadrant les plats, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition Originale très rare, tirée à cent exemplaires seulement et superbement imprimée à Bâle aux frais de l'auteur qui, résidant à Berlin, avait délégué à Bernoulli la supervision directe de l'impression selon ses instructions. Considéré par Maupertuis comme son chef d'uvre mathématique pour l'élaboration duquel il avait obtenu le soutien d'Euler, le plus grand mathématicien de son temps, cet ouvrage contient la première tentative de développement mathématique et métaphysique du fameux Principe de Moindre Action. Déjà approché au 17e siècle par Fermat et Leibnitz, puis abordé dès 1744 par Maupertuis dans ses travaux sur la réfraction de la lumière, le Principe de Moindre Action a évolué jusqu'à nos jours en accompagnant les concepts de la physique et des mathématiques modernes, avec les contributions successives d'Hamilton, Max Planck, Louis de Broglie, Feynman, etc. Cette première édition luxueusement imprimée ne fut pas mise dans le commerce et fut exclusivement distribuée par l'auteur auprès de ses amis et ses correspondants. Sur les cent exemplaires imprimés, une petite fraction (probablement une quarantaine) fut imprimée au format in-4. "(Maupertuis) instructed Bernoulli to send twenty-five copies (ten in large format, fifteen in small) to La Condamine in Paris for distribution there. Several went to acquaintances in Switzerland, and Maupertuis took delivery of the rest in Berlin. The list of recipients included Maupertuis's brother and sister in Saint-Malo, the duchesse de Chaulnes, Abbé Trublet, Musschenbroek, d'Alembert, Daniel Bernoulli, the Jesuit Louis-Bertrand Castel, Etienne de Condillac, Abbé Sallier (the king's librarian in Paris) and the marquis d'Argenson. () This selected group represented Maupertuis's ideal readership, a mix of knowledgeable mathematicians, literate aristocrats and men of letters. This was the social and literary upper crust whose approbation he sought" (Terrall). Très bel exemplaire d'une grande fraîcheur dans sa reliure de l'époque parfaitement conservée et portant l'ex-libris daté de 1761 de Jean-Jacques François Godard, qui fut professeur royal d'éloquence, recteur de l'université de Caen et directeur de l'Académie Royale des Belles-Lettres de cette ville. Sur la publication de l'Essai de Cosmologie voir Mary Terrall, "The Man Who Flattened the Earth. Maupertuis and the Sciences in the Enlightment".
in-4. 14ff. 451pp. (i.e. 445). 2ff. Plein veau du temps, dos à nerfs orné (coins un peu émoussés). Edition Originale très rare imprimée à Pont-à-Mousson. Cet ouvrage est la principale production du médecin lorrain Charles Le Pois (1563-1633), qui fut le fondateur de la faculté de médecine de Pont-à-Mousson et le médecin personnel de Charles III de Lorraine. Il y examine successivement les maladies de la tête, internes et externes, puis les maladies du thorax, du ventre et des membres. On y trouve notamment un important chapitre consacré à l'hystérie qui, pour la première fois, en situe le siège dans le cerveau et non dans l'utérus, établissant au passage l'existence de l'hystérie masculine. "Piso (1618) explained epilepsy, migraine, and hysteria as cerebral diseases, thus paving the way for future developments in neurology and brain research. () His book on diseases (1618) was widely known and quoted up to the late-18th century. He rejected the dogma of the uterine origine of hysteria which has been handed down from Ancient Greece, and described hysteria in men" (History of Neurology). Quelques rousseurs mais bel exemplaire dans sa reliure d'origine. Sur Le Pois voir Fonger, Boller and Tyler, "History of Neurology" (2009), p.91.
in-8 oblong. Titre gravé et 26 cartes gravées et coloriées. Plein veau, dos lisse orné (reliure de l'époque restaurée). Edition Originale. Petit atlas portatif entièrement gravé, comprenant les vingt-six cartes suivantes: "L"Univers", "La Terre", "l'Europe", "l'Asie", "L'Afrique", "l'Amérique", "La Russie", "L'Allemagne", "La Turquie Européenne", "La Pologne", "La Suède", "La France", "La France Militaire", "La France Ecclésiastique", "La Carte des Postes de Paris", "l'Espagne", "Le Dannemark et la Norvege", "La grande Bretagne", "la Hongrie", "Portugal", "Naples et Sicile", "La Royaume de Sardaigne", "La Prusse", "La Hollande et les Pays bas", "La Suisse", "I. Venise. II. Genes. III. Etat de l'Eglise". Charles-Antoine Jombert (1712-1784), tout en exerçant la profession de libraire (1736) et celle d'imprimeur (1754), se livra à l'étude des mathématiques, de l'architecture, de l'art militaire, du dessin, de la peinture, du dessin, etc. Il publia de nombreux ouvrages didactiques. Cet ouvrage est resté pratiquement inconnu et nous n'avons pu localiser qu'un seul exemplaire - légèrement différent - dans les collections à travers le monde. Il fut probablement imprimé spécialement pour les élèves d'un précepteur qui pourrait être Jombert lui-même, comme en témoigne le titre du seul exemplaire que nous avons pu localiser (avec deux cartes en moins que notre exemplaire et sans nom d'auteur, mais avec l'adresse de Jombert): "La Bonne me thode d'enseigner la ge ographie. De die e a` Mesdemoiselles de Fumerone mes Ele`ves". Dépourvu de privilège, entièrement gravé et colorié à la main, le volume n'aurait pas été mis dans le commerce et aurait été tiré à très petit nombre. Il est resté absent de toutes les bibliographies consultées. Quelques taches marginales. Bon exemplaire. Manque à la Bibliothèque Nationale de France. Nous n'avons pu localiser qu'un seul exemplaire doté d'un titre légèrement différent et deux cartes de moins que notre exemplaire (bibliothèque de l'Institut Catholique de Paris).
in-8. 1f. sur lequel a été contrecollé le titre de la quatrième livraison. 112 planches en couleur (coloris de l'époque). Demi-veau, dos lisse orné dans le style romantique (reliure française vers 1820). Précieuse réunion, constituée à l'époque, de cette suite de planches gravées de costumes espagnols, délicatement coloriées à la main et initialement publiées sous forme de livraisons. Les quinze livraisons de huit planches totalisant la collection étant devenues presque impossible à réunir, on constitua peu après leur parution, à partir des estampes restantes, des volumes de cent-douze planches comme celui-ci. Les charmantes illustrations représentent, entre autres personnages, un vendeur d'huile, un vendeur d'eau, un chasseur, un jardinier, un vigneron, des gitans, des toreros, un charcutier, etc. Agrémentées de légendes souvent cocasses, ces planches en couleurs constituent un panorama finement dessiné de la société espagnole que Goya épinglait, au même moment, dans sa géniale série des "Caprichos". Le titre général, qui manque habituellement dans ces recueils, a été remplacé comme souvent par le titre de l'une des livraisons (ici, la quatrième). Très bel exemplaire très pur. Vinet 2223. "Se publicaba en cuadernos de 8 laminas cada uno y actualmente es dificil reunir los 15 que salieron. Se formaron tomos con 112 laminas" (Palau).