LHOTE (André).
Lhote vient de recevoir les contrats (pour des articles) dans lesquels il a décelé une erreur : Il y est noté que je fais de la technique de couleurs, alors quil était entendu que je devais parler de la composition de tableau. Que faut-il faire de ces papiers ? Il est inquiet de léchéance : Nous avons parlé du 15, mais pas dans ce sens si précis et tyrannique. Je veux bien ne rien envoyer ce mois-ci à la N.R.F., mais je ne peux sacrifier mon exposition Druet, qui a lieu vers le 20 nov. Jai déjà commencé à travailler, mais il me faut quérir des reproductions, faire des tracés très longs, je ne peux affirmer que je serai prêt le 15 il demande un délai supplémentaire Ainsi nous serons certains lun et lautre déchapper à un échec possible. Ce qui ne mempêchera pas de travailler ferme à ce dur pensum Il recommande quon lui écrive plutôt que de téléphoner, on le trouve rarement au bout du fil. Je travaille ailleurs pour ne pas être dérangé André Lhote, qui avait appris la sculpture dans latelier de son père, se lance dans la peinture à partir de 1905. Il nen est pas moins vite remarqué, notamment par le marchand de tableaux EUGÈNE DRUET (1867-1916) qui organise en 1910 la première exposition du peintre dans sa galerie parisienne de la rue Royale. À sa mort, la galerie Druet fut reprise par son épouse, jusquen 1938, date de la fermeture définitive. Dune grande érudition, théoricien de lart, Lhote enseigna dans différentes académies dont celle quil créa en 1921 à Montparnasse, et tint de 1918 à 1940 la rubrique artistique de la Nouvelle Revue Française (NRF).
CRAMER (Johann Baptist).
BELLE ET TRES RARE LETTRE AUTOGRAPHE DU PIANISTE ANGLAIS J.-B. CRAMER Cramer qui se trouve à Vienne, demande à ses amis et associés Robert Addison et Thomas Frederick Beale, de bien vouloir accueillir Carl Czerny et Conrad Graf durant leur séjour à Londres et de les présenter aux « Misses Broadwood » : Le porteur de cette note est M Czerny qui, accompagné par son ami M. Graf, un des principaux fabricants de piano forte résidant à Vienne, après avoir visité Paris propose de prolonger son voyage jusquà Londres et y séjourner, je vous considère assez bon pour les présenter à mes excellentes amies les Demoiselles Broadwood et prodiguer toutes marques de gentillesse que vous serez peut-être disposé à leur montrer lors de leur court séjour à Londres Cramer simposa comme lun des pianistes les plus doués de sa génération lors de sa tournée en Angleterre et sur le continent européen de 1788 à 1791. De retour en Angleterre, il mena une carrière de pianiste. En 1824 il fonde la maison dédition musicale Cramer & Co en partenariat avec Robert Addison et Thomas Frederick Beale. Lentreprise se fit connaître sous le nom de Cramer, Addison & Beale. Carl Czerny (1791-1857), mentionné dans la lettre, est un compositeur et pianiste autrichien, son ami Conrad Graf (1782-1851), un facteur de pianos autrichien-allemand. Ses pianos furent utilisés entre autres par Beethoven, Chopin et Clara Schumann.
ESTE (Maison d).
1 - BRADAMANTE DESTE. 1550-1624. Noble dame italienne, femme de lettres et poétesse. Fille légitimée de François dEste et épouse dErcole Bevilacqua, conseiller militaire dAlphonse II dEste, duc de Ferrare. Lettre Signée « Bradamante deste Bevilacqui » en italien. Modène, 7 juillet 1605. 1 page in-folio. Cachet sous papier. Adresse découpée.Elle informe son correspondant quelle a soumis au duc le mémoire sur lAcadémie, et quelle la chaleureusement recommandé. Hélas, le duc a répondu quil se voyait dans limpossibilité de donner son accord, la somme en question ayant servi à éteindre des dettes passées.2 - BÉATRICE DESTE. Décédée en 1609. Fille de Philippe dEste, marquis de St Martino et épouse de Ferdinando Bentivoglio. Lettre Autographe Signée « Votre très obéissante fille et servante Beatrice deste Bent. » en italien. Modène, 15 août 1606. 1 page in-folio.Lettre familiale relative à sa santé médiocre. Elle ajoute quelle serait ravie que les faveurs du duc aillent à son frère plutôt quà elle-même.3 - CÉSAR DESTE. 1561-1628. Duc de Modène et de Reggio de 1597 jusquà sa mort. Au décès dAlphonse II dEste, sans successeur, César devait hériter du duché de Ferrare, mais le Pape Clément VIII, jugeant sa filiation illégitime, prononça lexcommunication contre lui et la saisie au profit de léglise de la plus grande partie de ses biens. Lettre Signée « Cesare dEste » à labbé de Saint Pierre de Modène, en italien. Modène, 16 octobre 1628. 1/2 page in-folio. Beau cachet aux armes sous papier.César dEste prie son correspondant daccorder à Don Fabiano Ferrari de Monbarandone prêtre de grande qualité, laumônerie de Mugnano4 - ALPHONSE IV DESTE. 1634-1662. Duc de Modène et de Reggio, il épouse une nièce de Mazarin, Laure Martinozzi. Lettre Signée « Alfonso » en italien. Modène, 9 novembre 1655. 1 page in-folio. Cachet sous papier.Il transmet à son correspondant le désir de son père, le duc François 1er dEste, de lavoir comme compagnon lors du voyage quil doit fait à la Cour de France. Il espère quil acceptera volontiers cette invitation et précise que le départ est prévu pour le début de la semaine suivante.5 - FRANÇOIS III MARIE DESTE. 1698-1780. Prince héréditaire puis 12ème duc de Modène. Gendre de Louis-Philippe dOrléans, Régent de France. Gouverneur général de la Lombardie. Pièce Signée « Francesco » en italien. Milan, 6 septembre 1754. 1 page grand in-folio. Beau cachet sous papier.Ordre de payer en exécution du décret prit lannée précédente.
LEMAÎTRE (Louis PROSPER, dit Frédérick).
A la suite de représentations donnés au Théâtre d'Orléans, il adresse ses remerciements : Jai trouvé chez vous, talent, modestie, zèle et urbanité, toutes choses qui ne se rencontrent pas tous les jours de soleil, aussi, éprouvai-je le désir, de vous exprimer ma vive satisfaction et ma juste reconnaissance. Salut et Fraternité Victor Hugo, qui voyait en Lemaître un acteur de génie, lui fit incarner des rôles de jeunes premiers sensibles, notamment Ruy Blas ou le jeune Gennaro dans Lucrèce Borgia. L'acteur, surnommé "le colosse du drame", créa le rôle de Kean d'Alexandre Dumas et celui d'Hamlet de William Shakespeare. Victor Hugo tenta en vain de le faire admettre à la Comédie-Française qui le refusa.
CELINE (Louis-Ferdinand DESTOUCHES, dit Louis-Ferdinand)
Émouvante lettre à une amie dans laquelle Céline, en exil au Danemark, évoque son désir de revenir en France : Céline la remercie pour lenvoi .de cette admirable gaterie (.). vous savez que je ne veux rien recevoir. Il enchaîne .Rien nest laid comme cette quemanderie ! Ah certes le retour d(ans) le midi nous irait a? ravir ! Deja les parents de ma femme vivent a Nice (.) et fort confortablement. Mais imaginez quil y aura t(ou)jours aussi longtemps que je vivrai un « vengeur » tres dispose a mabattre ! Quel risque ? Les felicitations du Jury. Jai connu beaucoup dassassins, leur ideal cest davoir leur photo ds les gazettes alors vous pensez, avec moi ! Non je ne pourrais jamais revenir quau Pourtour de la France. Je pense a? lEspagne. La? ce sera deja facile de nous rencontrer. Certes ma femme est aussi tres facile a? vivre, les danseuses sont t(ou)jours « faciles a? vivre ». Elles ont du cur du travail musculaire et du silence, et plus desprit quon pense. Mais il faut auparavant quon me condamne enfin ! Quon aille au bout de cette ignoble comedie ! les allemands sont des « Ia » les francais sont des « ha ! » Q(uan)d ils ont commence? a deconner, ils ne sarretent p(ou)r rien au monde !.Les lettres de Céline à Mme Bailles, qui nous sont parvenues à ce jour, sont celles dune « mystérieuse » correspondante habitant « 19 rue des Puits clos, à Toulouse » ; elles ont été écrites de 1947 à 1950 selon la datation établie par Jean-Paul Louis dans LAnnée Céline 2013 (édition du Lérot, pp. 33 et suivantes), durant la période dexil de Céline au Danemark où il sétait réfugié avec sa seconde épouse, Lucette Almansor, dans une petite maison au bord de la baltique, dans la solitude de laustère lande danoise. Son exil durera 7 ans, de 1945 à 1951.
D'INDY (Vincent).
CHARMANTE LETTRE DAMITIÉ : dIndy remercie Tiersot de son livre et lui raconte son voyage en Allemagne : Je reçois votre bouquin au moment précisément où, le sachant paru, jallais écrire à un libraire pour me le faire envoyer ; vous men faites part, cest très gentil à vous et je vous en remercie sincèrement, il est vrai que quand on a fait ensemble lascension du Feldberg et quon a chanté : « O du, lieber Augustin » on se doit bien des politesses (moi je vous dois encore un café au lait et une aquarelle) ( ). Poujaud vous aura raconté notre Odyssée au Witterstein (2300 m) ça enfonce le Feldberg et son duel avec Lerborne, ainsi que les autres incidents de notre bonne partie de campagne à travers lAllemagne, je ne vous en parlerai donc pas sinon pour vous dire que (sans blague) nous avons souvent regretté votre présence, vos jarrets et votre longanimité Vincent dIndy fut lun des créateurs de la Schola Cantorum de Paris, un établissement denseignement supérieur de musique, dart dramatique et de danse. Son ami Julien Tiersot (1857-1936), musicologue, ethnomusicologue et compositeur français, publia deux ouvrages en 1889 : lHistoire de la chanson populaire en France et les Promenades musicales à lexposition, Les danses javanaises.La lettre a été écrite depuis sa maison familiale de Chabret, à Boffres dans lArdèche.
CELINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand).
Peu de temps avant laudience de son procès qui devait se tenir le 21 février 1950, sous la présidence du juge Drappier, Céline tente de mobiliser ses soutiens :.Je crois qu'il faut que tous les vrais amis écrivent maintenant en ma faveur tout de suite au Président Drappier cour de Justice directement. C'est à dire toi, Paulhan, Debuffet (sic, pour Jean Dubuffet), Marcel (Marcel Aymé), tous ceux auxquels tu penseras. Veux-tu les alerter ? Naud (son avocat Albert Naud) est d'accord. Ce sera lu à l'Audience avec comme en-tête des lettresAffaire Céline.Comme je suis malade ! J'ai peine à écrire et je n'ai aucune aide ; tu parles, faire ronéotyper à Copenhague ! Mik (son avocat danois Th. Mikkelsen) s'en fout et ne fait rien. Heureusement Löchen le Pasteur est admirable, sans lui jamais les pieces ne seraient visées au Consulat ni meme tapées ! Il m'a embauché une dactylo la bas. Mik garde mes lettres huit jours sans les lire. Il ne s'intéresse pas ! Bien affectueusement.Lors de laudience du procès de Céline mi-décembre 1949 devant la cour de Justice de la Seine, son avocat danois Thorvald Mikkelsen avait envoyé un télégramme qui annonçait « Destouches malade, impossible de se présenter. ».Une procédure de jugement par contumace fut donc décidée avec ordre donné à Céline de se présenter à laudience fixée au 21 février 1950. Le président Drappier allait juger lécrivain. Tous les amis de Céline décidèrent alors de se mobiliser en sa faveur, Arletty, Marie Bell, Jean Paulhan, Marcel Aymé, Jouhandeau, Maulnier, jusquà Henri Miller, qui par lintermédiaire de Maurice Nadeau avait rédigé une lettre en faveur de lauteur du Voyage, et enfin beaucoup dautres, dont le peintre Jean Dubuffet.François Löchen était le chef de lEglise réformée de Copenhague. Cest à lautomne 1947 que le pasteur Löchen avait fait la connaissance de Céline au Danemark. Auparavant, il avait été aumônier militaire à Sartrouville, puis à Bezons en banlieue parisienne, là où le docteur Destouches avait lui-même exercé la médecine.L'amitié du graveur Jean-Gabriel Daragnès (1886-1950) et de Céline ne fut pas immédiate. Pendant l'Occupation, Daragnès se méfie de la " bande à Gen Paul ", mais Céline soigne sa mère " jusqu'à la dernière minute " (mars 1941) et Daragnès n'oubliera jamais son dévouement. Cest Daragnès qui met Céline en relation avec Paul Marteau et Jean Dubuffet, deux soutiens de lécrivain lors de son procès. Il accueillera Mikkelsen, lavocat danois de Céline à Montmartre et se rendra lui-même à Korsor en 1948., lexil danois de Céline et son épouse Lucette. Daragnès est à l'origine de la publication de Foudres et flèches et de À l'agité du bocal, et songe à illustrer Scandale aux Abysses qu'il veut imprimer lui-même. Il collecte des témoignages à décharge, et se présente au procès devant la Cour de Justice, comme témoin. On ne l'entendra pas, en l'absence de l'accusé.Le 25 juillet 1950, Daragnès meurt à la suite d'une banale opération. Céline perd un véritable ami, ainsi quun soutien financier actif, par son rôle de passeur de fonds vers le Danemark, en concours avec Pierre Monnier et François Löchen.
PIRON (Alexis).
- LA PREMIERE EPIGRAMME (12 VERS) EST UNE CHARGE CONTRE LE MINISTRE DE LA GUERRE DANGERVILLIERS, Donnez toujours, Monseigneur, / Vous donnez et homme sage, / Car en donnant, votre usage / Est de garder le meilleur / sans en être un bienfaicteur / moins digne de tout hommage / Sarrazin, dans la splendeur, / Quil soit à votre grandeur, / En est un vif témoignage : / Vous donnez à cet Acteur / Dun Roy, le riche équipage ; / En vous en gardez le cur.- LA SECONDE (90 VERS), ADRESSEE AU MEME, .:EN FAVEUR DUN INVALIDES COMMANDE POUR MARCHER A UN DETACHEMENT. : Sage Ministre de Bellone / Qui, du cercle de la Couronne, / Soutiens le quart le plus pesant ! [Il ny avoit alors que 4 secteurs dEtat] / Et le fleuron le plus Luisant ! / O Foy, de qui le Ministère / Fait tout lespoir du Militaire ! / O Foy, lun des quatre grands chefs / Expedians du Roi les Brefs ! / Et vérifians le Proverbe / Quicy bas a laissé le Verbe / Beaucoup dAppelés, peu dElus / Encore une grace & puis plus. / Cest moy, qui, sur un ton plus grave, / Je fis lecture de Gustave, / Dans un Hôtel [Lhôtel de Nêle, où M. de Nêle logeoit par en-bas, quand je lus : & qui étoit abandonné quand jécrivois cecy] où dez longtems. / Logent par bas les quatre vens. Cest moi, qui, la dernière année, / Lûs une Pièce condamnée [lAmant mysterieux qui en efect essuya ces 2 condamnacions dun jour à lautre] / La Veille, à lHôtel de Billard, / Le lendemain, de toutes parts. Cest encore Moy qui me propose / De lire bientôt quelque chose / Dans une autre sorte dhôtel [lhôtel de la Comédie françoise] / Dont le revenu casuel, / grâce, à mes Pareils, est si mince, / Que, de ce bel Etat, le Prince / auroit, sans ton cur libéral, / un sarot, pour manteau royal [Voy LEpig. précédente].Enfin cest moy qui devrois faire / Non, une nouvelle prière ! / Mais remercîmens à milliers, / a mon seigneur Dangervilliers. / Mais comment refuser mon aide ! / Au malheureux pour qui je plaide ! / Cest un vieux soldat mutilé / Que la peine et lâge ont pelé. / Je me croirois infâme & cancre / dépargner quelque groûtes dancre / Pour un Bonhomme à cheveu blanc / Qui pour le Roy versa son sang / Le Prince avoit payé sa dette, / Luy donnant royale Retraitte ; / Le Bonvieux a, sil ne les perd, / Repos, habits, vivre & couvert ; / Le repos déjà lon retranche ; / sans faute, il doit partir dimanche : / chargé de soixante & dix ans / Et Martyr des vestes cuisans / Que de la tête aux pieds, luy laisse / Le bon employ de sa jeunesse / plus propre à porter en effet / Des béquilles, que le mousquet. / Tel enfin, que (lorsque jy pense) / de tout placet je le dispense ; / Car malgré le Roy même, jay / qui luy signera son congé / par bonne & valable ordonnance / Dont la Navarre ou la France / Ne pourront empêcher leffet Monseigneur est tout stupéfait : / Ouy, mes prières sont finies : / Voila bien des cérémonies ! / Le pauvre cacochyme na / Quà se faire voir à Sylva ; / Et je jure, sur la palette [le systême meurtrier de Sylva étoit pour toute sorte demandée, de saigner jusquà leau : jay perdu 20 amis à ce jeu là ; Et il sy est perdu enfin lui même] / De St Côme & sur sa lancette / Que lInvalide, sous les yeux / Du Basilic oficieux / Qui vient aussi tôt quon le mande, / Obtiendra plus quil ne demande : / Et sera pourvû sans appel / Dun Brevet dOisif éternel. Mais mon Client me remercie : / Du moyen il ne se soucie : / Et peu curieux du Brevet, / Il me ramène à son Placet. Je reviens donc à la Puissance / Qui souverainement dispense / a nos grands & petits Héros / Le salaire de leurs travaux. / Puissance donc & généreuse, / Puissance vaste & merveilleuse / Qui ne te laisse aucun Egal, / Et na de borne que le mal. Modeste, as-tu jamais Toi-même / Evalüé ton rang suprême ? / Des armes & des Etendards, / Que Loüis tourne contre Vienne ! / Le Sort est dans la main de Mars : Et le sort de Mars, dans la tienne.On trouve une note autographe en pied spécifiant : « Autographe de Piron dont lauthenticité est affirmée par le soussigné, anno
GARNIER (Charles).
Charles Garnier se met à la disposition de son correspondant .pour répondre aux questions que vous me ferez sur le théâtre dOrange. Je ne prétends pas avoir raison sur tous les points ; mais je vous donnerai au moins une opinion sincère.Il sera cependant absent de Paris quelques jours et lui indique les jours et les heures où il peut le recevoir avant son départ. Il ajoute .Sil vous était impossible de venir, il faudrait alors remettre notre entretien vers le milieu de la semaine prochaine.Formé chez larchitecte Hippolyte Le Bas, Charles Garnier entre à lÉcole des Beaux-Arts en 1842. Il obtient le premier grand Prix de Rome darchitecture en 1848. Ses voyages en Italie puis en Grèce lui laisseront un goût pour la polychromie et une parfaite intégration des trois arts : architecture, sculpture et peinture.Lorsquen 1861 il remporte le concours du nouvel opéra de Paris voulu par Napoléon III, il entreprend de visiter toutes les grandes salles dEurope. Le chantier, ouvert en août 1861, connaît de nombreux ralentissements. LOpéra de Paris est inauguré le 5 janvier 1875 par le Président de la République, le Maréchal de Mac-Mahon.Le théâtre dOrange ouvre ses portes le 30 décembre 1885. A son premier architecte, André-Jean Boudoy, ancien collaborateur de Charles Garnier, succède un architecte de Montpellier, Léopold Carlier. Réquisitionné par les autorités allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, puis transformé en salle de réunion, le théâtre dOrange est restructuré en 1981 et reste désormais affecté à diverses manifestations.
SARTRE (Jean-.Paul).
NOTES AUTOGRAPHES DANS LESQUELLES SARTRE CONSIGNE QUELQUES REFLEXIONS.Je ne peux donc pas même interroger mon expérience sans me définir comme un travailleur intellectuel non pas seulement par mon désir de connaître, que maint travailleur manuel partage, mais par la temporalisation de mon expérience. En fait, les deux mouvements sont également vrais : il est vrai que les choses sont « médiées » par lhomme, il est vrai que lhomme est « médié » par les choses. Et la contradiction de ces deux vérités est cela même qui va nous découvrir la dialectique. Mais elle oblige le chercheur à se laisser couler au fond de son expérience pour pouvoir remonter ensuite à la surface. Autrement dit lanalyse régressive doit être poussée jusquau bout et ne trouvera sa vérité totale que si elle est suivie dune synthèse progressive. Lune me révèle ma situation, lautre épouse le mouvement qui mengendre. [chaque niveau tout est donné : la relation humaine, la matérialité, lhomme comme praxis, lhomme comme matière] (partie biffée par lauteur).Jean-Paul Sartre est autant connu pour son ?uvre, notamment ses paradigmes philosophiques que lon regroupe sous le nom dExistentialisme, que pour son engagement politique, de gauche radicale. Après la Libération, Sartre connaît un succès et une notoriété importantes ; il va, pendant plus dune dizaine dannées, régner sur les lettres françaises.
BAILLY (Jean Sylvain).
GUERRE DE SUCCESSION A LACADEMIE DES SCIENCES DE PARIS.IMPORTANTE LETTRE CONCERNANT LELECTION DE SON « ILLUSTRE AMI » POALO FRISI, un éminent professeur de mathématiques qui enseigna à Londres, Berlin et Milan. Bailly qui soutient sa candidature à lAcadémie des sciences, tout comme La Rochefoucauld-Liancourt, émet un certain nombre de conjectures quant à ses chances de lemporter.Bailly lui envoie le discours quil a prononcé à lAcadémie française lors de sa réception en février .Je puis vous dire quil a assez bien réussi à la lecture publique et particuliere. On a été assez content de la simplicité du stile, et je serai très heureux sil ne perd rien de ce faible mérite dans le païs étranger. Jai reçu les 3 volumes de M. le Comte Carli que je dois à votre bonté (.). Je vais en faire traduire quelque chose et peut-être le tout si on le juge assez intéressant. Alors je pourrois y joindre quelques notes en réponse aux objections. Je vous dirai quon a fait la nommination aux deux places vacantes à lAcadémie. Lune a été donnée à M. Priestlis [le chimiste anglais JOSEPH PRIESTLEY] qui, comme vous le savez, le mérite par la révolution quil a faite dans la chimie ; lautre à M. Albert Euler [le mathématicien, JOHANN ALBERT EULER, fils de LEONHARD EULER]. Vous avez eu des voix et vous avez été nommé en second dans la présentation au Roi. Je ne puis approuver ce choix, le titre le plus réel dAlbert est dêtre le fils de Léonard, mais ceci nest point une affaire dhérédité. On sait à nen pas douter que les meilleurs ouvrages ont été faits par son père et en conséquence on ne devait point le nommer à une des premières places de lEurope ; mais cela est fait, il faut en prendre notre parti. Etant nommé en second, il y a lieu de croire que vous serez nommé en premier lorsque loccasion sen présentera. Jai parlé hier à M. de la Rochefoucault qui ma assuré quil vous appuieroit de tout son crédit. (.) comme il ny a point dAnatomiste on pourroit bien leur donner leur tour. Cest particulierement dans le cas de la mort de Jean Bernoulli [1710-1790, mathématicien] que nous serions en droit et en forces pour vous y faire succéder. En attendant nous ferons toujours tout ce que nous pourrons à chaque occasion ( ), soïez tranquille, reposez vous sur nous et sur notre amitié ; surtout ne vous fachez pas. On a toujours tort de se facher contre les Corps ; ils peuvent retarder la justice, mais ils finissent toujours par la rendre. Mandez moi que vous vous en remettez à nos soins (.), mandez moi (.), que vous maimez toujours, car je vous suis et vous serai toute ma vie fidellement et tendrement attaché Éminent astronome des Lumières, le découvreur des satellites de Jupiter, JEAN SYLVAIN BAILLY, se classe incontestablement parmi les plus grands scientifiques du XVIIIe siècle. Sa monumentale Histoire de l'astronomie lui ouvrit les portes de lAcadémie française en novembre 1783. Membre de l'Académie Royale des Sciences depuis 1763, nommé par le Roi, choyé dans les salons de l'aristocratie et à la Cour, il fut autorisé à sinstaller au Palais du Louvre, siège de lAcadémie depuis sa création en 1666. À la Révolution, il choisit cependant dêtre élu député du Tiers-État, puis accède à la mairie de Paris en remplacement de Jacques de Flesselle qui venait dêtre assassiné ; il fut lun des premiers présidents de lAssemblée constituante (du 17 juin au 3 juillet 1789), avant de céder sa place au duc de La Rochefoucauld-Liancourt.La brillante carrière politique et intellectuelle de Bailly sacheva tragiquement sur léchafaud : il fut guillotiné en 1793 pour avoir pris la défense de la Reine Marie-Antoinette lors de son procès.
CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit).
.Tixier [son avocat Maître Tixier-Vignancour] ma écrit pour me demander de me rendre à Bruxelles pour revenir avec lui devant le Tribunal militaire ! Délire ! lui ai-je répondu. et Céline renchérit selon son habitude .Donc il ny a eu aucun accord de mon côté. RIEN refus absolu au contraire Que puis-je faire moi au milieu de tous ces pataquès ? Où je ne suis pour rien. Jamais pour Rien ! Je vais écrire à ma fille [Colette Destouches, sa fille unique, née du mariage avec Edith Follet] pour ses droits et les domaines etc. En attendant ma situation ignoble séternise.Mécontent de son avocat Maître Naud, Céline se fait conseiller pour lépilogue de son procès par Jean-Louis Tixier-Vignancour qui obtiendra son amnistie en avril 1951, permettant le retour en France de lécrivain et de son épouse, après sept ans dexil au Danemark. Mais en attendant, les anti-céliniens sétaient déchaînés à Paris sous lemprise des nombreux détracteurs de lécrivain du Voyage, qui avait commis avant-guerre les pamphlets antisémites « Bagatelles pour un massacre » et « LÉcole des cadavres ».Céline se trouvant toujours au Danemark, il se morfond depuis mai 1948 à Klarskovgaard propriété de son avocat Thorvald Mikkelsen dans le village de Korsor, sur les bords de la Baltique, il reste à ses avocats à arranger les conditions de son retour en France. Les cours de justice ayant été supprimées en février 1951, Tixier-Vigancourt obtient dans un premier temps la levée du mandat darrêt et, en avril, un arrêt du tribunal militaire qui, tout en confirmant celui de la cour de justice, amnistie lécrivain. Malgré lindignation de certains journaux (lHumanité dénonce Céline comme un « agent de la Gestapo »), lécrivain regagne définitivement la France le 7 juillet 1951.
[SOLFERINO] (Bataille de)].
Cette très longue lettre dun jeune officier du génie, du 4ème corps darmée, raconte en détail la bataille de Solferino, qui a eu lieu trois jours auparavant.Nous avons eu une terrible journée dans laquelle le 4e corps a joué un des rôles les plus importants. Depuis la bataille de Magenta l'armée alliée n'avait, pour ainsi dire, pas aperçu les Autrichiens (.). On n'ignorait pas que l'ennemi fut encore sur la rive droite de cette rivière, mais on était loin de s'attendre à y rencontrer la plus grande partie de l'armée. Des documents officiels (.) font connaître que nous avons tenu tête et repoussé 150.000 Autrichiens. (.) Le maréchal de Mac-Mahon qui était sur notre gauche vers Solferino rencontra l'ennemi en même temps que nous vers 4 heures. Deux divisions de cavalerie placées momentanément sous les ordres du Gal Niel se trouvaient un peu en arrière entre le Gal Niel et le maréchal de Mac-Mahon (.). La bataille engagée (.) a duré depuis 8 heures du matin jusqu'à 5 heures du soir sans interruption et par une chaleur accablante. Pendant tout ce temps l'ennemi a fait des efforts considérables (.) afin de couper en deux notre armée. Des troupes fraîches arrivaient constamment du coté de l'ennemi, tandis que nos bataillons réduits par le feu et par la fatigue avaient à peine à ne pas fléchir.Il relate ensuite les différents mouvements de troupes, avant et pendant lassaut général, et en particulier les difficultés du général Niel et laide tardive, mais déterminante, du maréchal Canrobert. Ce document contient aussi une description précieuse de laction menée par le général Niel après la déroute des Autrichiens, ainsi quune évocation de la situation matérielle de larmée lors de son départ vers Volta.Rappelons que le général Niel (1802-1869), qui commandait justement le 4ème corps darmée à Solferino, fut récompensé de son action décisive durant la bataille, en étant élevé à la dignité de Maréchal de France par Napoléon III. Témoignage rare, cette lettre est dautant plus précieuse que son auteur fait preuve dun recul remarquable, comme le montre bien la phrase suivante, qui achève le récit : .cette relation de la bataille du 24 juin, quon appellera, je crois, bataille de Solferino, faite au courant de la plume par un des acteurs qui na vu quune partie de laction, est certainement très incomplète ; elle aura cependant, je lespère, le mérite de vous intéresser.
GUYOT (Louis).
IMPORTANT ET INTERESSANT MEMOIRE DUN APOTHICAIRE DE LOUIS XV, relatif à son invention dune « eau préservative » et à celle dune « eau pour les yeux » par le comte dOsenbray. Cet exposé est destiné à sa famille, afin quelle puisse, si nécessaire, faire valoir ses droits. Dans ce but, le mémoire établit les faits qui se rapportent à ses inventions et récapitule les démarches entreprises par Guyot et ses protecteurs pour obtenir réparation des préjudices quil estime avoir subis.Guyot fait valoir tout dabord que Louis-Léon Pajot, comte dOnsenbray (Paris, 1678-1754), académicien honoraire, lui léguait par testament sa collection dhistoire naturelle constituant son cabinet, reconnaissant que leau conservatrice, dont il usait pour la conservation de celle-ci, était de linvention de Guyot. Or le roi ayant désiré acquérir pour lAcadémie des sciences le secret de cette eau, versa à Guyot une pension de 1 200 livres. Du fait de cet octroi, dOsenbray transforma, par un codicille, le legs de son cabinet à Guyot, en faveur de lAcadémie, ce qui représentait une perte de 20 000 livres.Pour finir, il procède au récit des ennuis quil a rencontrés à la suite de la distribution gratuite aux pauvres (distribution qui dure depuis 60 ans, dont 40 par lui-même) de leau pour les yeux conformément aux souhaits de son inventeur, le comte dOnsenbray.
PELLETAN (Charles-Camille).
Pelletan requiert durgence la mise en place dune réforme des impôts afin détablir une meilleure équité entre les contribuables : Plus on examine les impôts directs dont nous jouissons, plus on sétonne que la France ait pu les supporter si longtemps. Je viens dexaminer minutieusement un certain nombre de sondages (.). Ils indiquent, contribuable par contribuable, limpôt payé aujourdhui à côté du revenu. Il y a des moments où jai été tenté de croire que les impôts étaient tirés au sort. (.) Dans lensemble, la culture [agriculture] est abominablement surchargée [surtaxée]. remarque Pelletan qui voit .en même temps dans lenquête à laquelle vient de procéder le Parlement anglais, un tableau des revenus complètement exemptés de limpot dans divers pays. On les exempte jusquà 500 francs en Saxe, jusquà 625 au Hesse et au Wurtemberg, jusquà 1925 francs en Prusse et dans le grand-duché de Bade, jusquà 1250 francs en Autriche, jusquà 1350 francs en Hollande, jusquà 2500 francs dans le Queensland, colonie anglaise dAustralie. alors que Sauf à Paris, (.) la France républicaine, la France démocratique demande toujours limpôt direct aux travailleurs pauvres. Elle ne fait dexception que pour ceux qui sont absolument indigents. (.) Ces chiffres suffiraient à montrer lurgence de la réforme. Elle est assurément désagréable à ceux qui ne paieraient pas leur juste part dimpôt aujourdhui (.). Mais (.) Il faudrait que le suffrage universel fût stupide pour ne pas mettre à la raison, ceux qui croient avorter la grande mesure de justice fiscale promise au pays Constatant la mauvaise situation dans laquelle se trouvent les ruraux surtaxés, Pelletan se félicite quavec la réforme attendue Les fermiers ou métayers ne payeront rien en plus, jusquà un revenu de 1250 francs, et seront très largement dégrevés au dessus de ce chiffre. Cest dire que la grande majorité de la population rurale, verra disparaître en totalité la propriété non bâtie, de cote mobilière personnelle, et limpôt des portes et fenêtres. Je ne parle, bien entendu, que de la part de limpôt qui revient à lÉtat et on verra plus tard ce quon peut faire pour les centièmes communaux et départementaux. Il est clair quon ne pourra pas aller aussi loin. Si la même mesure était étendue aux budgets communaux, il y a des villages où il ny aurait plus de contribuables du tout Quant aux travailleurs urbains, bien que moins écrasés par le système fiscal, ceux-ci devraient aussi tirer un profit de la réforme fiscale. Enfin, il espère que Si le projet abouti, ce ne sera pas encore limpôt idéal. Lexpérience permettra de corriger les défauts et détails qui pourront sy trouver encore. Mais les résultats essentiels de la réforme seront obtenus Élu député du Rhône, Camille Pelletan prit place à l'extrême gauche de la Chambre des députés, où il appuya les efforts de Clemenceau. Adversaire des cabinets Gambetta, J. Ferry et Freycinet, il aborda fréquemment la tribune parlementaire, et s'y distingua par ses brillantes qualités dorateur.