Henri MATISSE
Lettre autographe signée au journaliste, critique dart et conservateur Raymond Escholier. Saint-Gaudens, 12 juillet 1940 ; 2 pages in-4°, accompagnée de son enveloppe. Belle lettre du peintre durant la guerre, alors réfugié à Mirepoix suite à linvasion italienne par les Pyrénées, séchinant à trouver une solution pour mettre en sécurité ses tableaux laissés à Paris : « Sachant que vous étiez dans lAriège, vous me lavez écrit, jai essayé de vous joindre ; ne me souvenant pas de votre adresse, jai été à tatons. Je ne sais pas où jy suis arrivé. Est-ce par St Girons, où je vous ai envoyé une lettre par lintermédiaire du commissaire de police ou bien, est-ce par Pamiers où je vous ai envoyé à tout hasard un télégramme. Comme Mirepoix est plus près de Pamiers que St Girons, je crois que cest ce télégramme qui vous a touché. Je suis échappé de St-Jean de Luz, où je pensais être tranquille. Jy avais emporté pas mal daffaires pour un séjour important et je my étais fait envoyé de Nice à la déclaration de la guerre des Italiens un torse grec de belle qualité. A loccupation des B. Pyrénées jai filé vivement en emportant ce que javais. Je suis à St-Gaudens bloqué, attendant la reprise des communications ferroviaires pour retourner à Nice. Je voudrais bien ne pas y rapporter le torse grec et le laisser, en attendant la vraie paix, en sureté quelque part par ici, où lon est loin des Italiens. Navez-vous pas les tableaux du Petit Palais ? Ne pouvez vous pas y joindre ma caisse qui est de 1 m x 50 c x 50 c. Lidée men est venue parce que le Directeur des Beaux arts ma fait proposée en septembre de me mettre en sécurité, avec les uvres du Louvre, deux caisses de mes tableaux. Comme javais déjà pris mes précautions, je len ai remercié. Cest de là que vient mes audaces. Si toutefois cette idée vous paraissait impossible ne pourriez-vous pas mindiquer où je pourrais déposer cette caisse par ici. Au reçu de votre télégramme jai sauté sur la carte et jai vu que Mirepoix est à 100 km environ dici. Cest pourquoi ( ) faute dessence, je vous écris au lieu daller vous voir. Jespère que vous êtes relativement tranquille, que la catastrophe qui nous étreint tous, ne vous a pas touché personnellement, que votre fils est en bonne santé ainsi que Madame Escholier. Vous me ferez grand plaisir en mécrivant ( ) »
Emile ZOLA
Rarissime poème de jeunesse, à la veine romantique, du jeune élève de rhétorique du Lycée Saint-Louis, signé « Pajot et Zola ». Georges Pajot était un condisciple et ami proche dEmile Zola au lycée Saint-Louis à Paris, quand ce dernier sy installe avec sa mère en 1858, année de notre poème. Contrairement à Cézanne, leur amitié n eut pas de faille. Il était de ceux que Zola considérait comme ses vrais amis et participait aux soirées du jeudi, chez l écrivain à Paris. Ces soirées du jeudi ont commencé vers 1865, alors que Zola était âgé de 25 ans, et ont perdurés jusqu à la fin de l existence d écrivain. La victoire des troupes françaises dans leur combat pour l unification de l Italie, donne à Zola et son complice, l occasion de glorifier l empereur, Napoléon III, qu ils comparent à son glorieux aîné. « Madame pardonnez si ma modeste lyre, A votre auguste oreille a l audace de bruire Pardonnez ! Un enfant vient ici bégayer Mais la victoire fait naître nos chants novices, Nous qui sommes placés sous les vaillants auspices Du saint roi chevalier Pour délivrer du joug l Italie opprimée Vers les Alpes on vit s élancer notre armée ; De roses sous ses pas on semait les chemins Par de nombreux hourras l accueillant au passage, A sa noble valeur chacun rendit hommage Et l on battait des mains. Allez Français, allez combattre sur ces terres Où noblement jadis combattirent vos pères, Allez vaincre ceux là qu écrasa leur talon Allez Notre Empereur nous quitte pour la gloire, Comme autrefois soldats notre hymne de victoire Sera Napoléon Ils se sont éloignés, attentive la France Ecoutait bien encore ! Tout gardait le silence. Du midi tout à coup un grand cri s éleva, Montebello, Verceil déjà le canon tonne ; Victoire à Palestro presqu aussitôt résonne Victoire à Magenta. Magenta ! Bondissez cloches de Notre Dame ! Qu une guirlande, le soir étincelle la flamme, Des vainqueurs d Austerlitz notre garde est la s ur, Les troupes de Joseph s enfuient à l armée, Victoire à Mac-Mahon ! Victoire à nos armées ! Victoire à l Empereur. France, réjouis toi, c est un beau jour de fête. Puissions nous, nous aussi célébrer ta conquête Nous que l étude tient dans calme profond Nous qui pour te servir travaillons solitaires Oh ! Puissions nous crier tous au près de nos mères Vive France et Piémont. Pageot et Zola élèves de classe de rhétorique Poème figurant aux uvres complètes, tome 15, éditions Cercle du livre précieux 1969 En 1859, Napoléon III s engage auprès de Victor-Emmanuel II pour l unification de l Italie alors morcelée en duchés, contre l empire d Autriche. Cette campagne militaire permet à la France de récupérer la Savoie et le comté de Nice mais la laisse dans une situation diplomatique délicate.
Milo MANARA
Dolasilla Superbe dessin à lencre de chine signé et titré, 28,5 x 18,4 cm Illustration de lhéroine Dolasilla issue du portfolio « Dolomite Encatades ». Les planches interprètent des fables et des légendes de la région des Dolomites en Italie du Nord. Dolasilla est une héroïne des légendes du sud du Tyrol, fille du roi de Fanes, homme avide de pouvoir et de richesse, qui déroba des objets de grandes valeurs à un peuple de nains. Dolasilla, heurtée par ce vol, rendit aux nains ce qui leur avait été pris. En récompense, ces derniers lui offrir une armure blanche et lui prédirent un destin de grande guerrière, mais pas sans dangers.
Salvador DALI
Pièce autographe signée à len-tête du « Waldorf Astoria A Hilton Hotel » ; 1 page in-8° oblongue. Belle pièce fort graphique exécutée au feutre noir et dédicacée : « A la casa de las seis Rosas » (A la maison des six roses) , signée « Gala i Dali », encadrée de quatre roses. The Waldorf Astoria est un hôtel situé à New York au cur de Manhattan, mondialement connu, notamment pour ses expositions dart. En avril 1960, Salvador Dali et Philippe Halsman, photographe et ami de lartiste, présentèrent lors de la Fifth Annual Convention on Visual Communications, à lhôtel Waldorf de New York, une création « Chaos and Creation », considérée comme un des premiers films de lart vidéo, dans lequel Dali expose une performance dont le fil conducteur est la méthode paranoïaque-critique. Il y expose quelques-unes de ses réflexions sur lart contemporain. Format : 15,2 x 18,4 cm Bon état
Emile ZOLA
Manuscrit autographe titré « Les Etrennes de la mendiante ». S.l.n.d. (1862-1864) ; 6 pages petit in-4°. Fort rare manuscrit bien complet comportant biffures, ratures et de nombreuses corrections. « Les Etrennes de la mendiante », nouvelles issus des « Contes à Ninon », premier roman du jeune écrivain, alors chef de service de la publicité chez Hachette, paru en novembre 1864. Dès la fin de lannée 1859, Zola sessaie au récit court sous forme de contes. Les lois sur la presse de février 1852 contrôlent la liberté dopinion. Les contes permettent dexprimer ses idées à travers la fiction. Zola trouve là une manière de sexprimer jusquen 1880, tout en collaborant avec les journaux, qui laisse entrevoir ses engagements futurs. « Les Etrennes de la mendiante » Zola nous donne le récit de parents miséreux qui envoient leur enfant mendier dans les beaux quartiers pour le jour de lan, comme la tradition le voulait à cette époque. Dans ce conte au titre antinomique, lécrivain engagé dénonce la détresse sociale comme il le fera tout le long de sa vie. « Les étrennes de la mendiante. Le 1er janvier, il y a grande toilette dans les bouges de Paris. Les mendiants mettent leurs plus beaux haillons, se parent de loques pour aller présenter aux passants les souhaits de la mise et demander leurs étrennes, la main tendue, la face inquiète et caressante. Ce jour là, la mendicité est tolérée ; il lui est permis de sexercer en plein jour, sans se déguiser sous les mille formes des industries de la rue. Le joueur dorgue peut laisser là la lourde boite quil a portée douze longs mois ; les marchants de chansons, de lacets, dallumettes peuvent garder au logis leurs marchandises. La voie publique est libre ; les sergents de ville tournent la tête ; les mains se tendent franchement, celles qui donnent et celles qui reçoivent. Dans une maison haute et noire au sixième étage, au fond dune sorte de grenier, vit toute une famille indigente, le père, la mère, et une petite fille de huit ans. Le père est un grand vieillard, sec et anguleux, la barbe et les cheveux longs et ébouriffés, dun blanc sale. Il songe en soupirant aux beaux jours dautrefois lorsque les rues appartenaient aux pauvres, et quils prenaient à eux seules tout le soleil du bon Dieu et toute la pitié des hommes. La mère ne songe plus. Elle semble vivre par habitude et parait insensible à la joie donnée par la chaleur. Le froid et la faim ont tué sa raison. La petite fille est le rayon du grenier sombre. Dans cette obscurité humide lorsque sa tête parle pale et blonde se détache sur la muraille noircie, son sourire a des lueurs de soleil, ses yeux bleus où linsouciance met de soudaines gaités. Elle ne pleure encore que parce quelle voit pleurer. Le 1er janvier, les parents et lenfant se sont levés à cinq heures. La toilette a été longue et laborieuse. Puis le père et la mère se sont assis, immobiles attendant le jour, tandis que la petite fille, plus coquette, a cherché vainement pendant une grande heure à cacher un gros trou qui occupe tout le devant de sa jupe. Lenfant est heureuse. Elle va recevoir ses étrennes. La veille, son père lui a dit : « Demain tu te feras belle, et nous irons dans les rues souhaiter santé et richesse aux heureux de ce monde. Le gens heureux sont bons, et ils ont voulu quune fois dans lannée nous puissions solliciter en paix la charité des âmes tendres. Demain, de belles petites demoiselles, qui ont beaucoup damis recevrons en cadeau de grandes poupées, des corbeilles de bonbons ; on a voulu que les pauvres enfants comme toi, qui nont lamitié de personne, ne restent cependant les mains vides et ont leur a donné pour amis tous ceux qui passent, en leur permettant de tendre la main a tout le monde. Les gros sous de laumône seront tes dragées et tes jouets. La petite fille est dans la rue ; elle marche gaillardement, sarrêtant aux carrefours, sous les porches des églises, sur les ponts ( ). Son père et sa mère la suivent, graves, ne sollicitant
Léonard Tsugouharu FOUJITA
Jeune fille au voile et à la rose, 1958 Dessin à la mine de plomb sur papier calque contrecollé sur papier à dessin, monogrammé et daté au centre, contresigné à lencre, 30 x 24 cm. Provenance : Succession Kimiyo Foujita, veuve de lartiste Certificat dauthencité de létude Cornette de Saint-Cyr Issu dune famille japonaise aristocratique aux ascendants samouraïs, Foujita arrive à Paris en 1913, à la veille de la première guerre mondiale. Dans ce Paris des années folles, il sinstalle au quartier de la bohème, Montparnasse. Il y côtoie Modigliani, dont il sera lami indéfectible, Picasso, Brankusi, Cocteau, et légérie de Montparnasse, Kiki. Il se crée une image de dandy qui ne passe pas inaperçue : coupe au bol, tatouages, kimono, marinière ou débardeur et bijoux. Cest un travailleur acharné et solitaire. Son uvre est un savant mélange entre lart dOrient et dOccident. Dune virtuosité incomparable, il invente une peinture à lhuile lisse sur fond blanc, qui se confond avec laquarelle, unique en son genre. Le modèle féminin tient une place prépondérante dans liconographie de lartiste, qui eut cinq épouses successives dans sa vie.
Alberto KORDA (1928 2001), photographe cubain Guerrillero Heroico Tirage argentique postérieur signé et titré « Guerrillero heroico, 5/3/1960 » au feutre fin en marge inférieure. Célèbre photographie du Che Guevara immortalisé le 5 mars 1960 par le photographe cubain Alberto Korda, ce portrait charismatique du Che au regard noir et frondeur fit le tour du monde et traversa le temps. Korda nous raconte quune manifestation avait été organisée par Fidel Castro en hommage aux victimes du sabotage du navire français La Coubre qui mouillait en eau cubaine. Une estrade avait été montée, cest alors quapparu le Che Guevara en arrière-plan de Fidel Castro qui était en compagnie de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre. Son regard noir et intense fut saisi sur le vif par le photographe. Mais cette photo ne fut pas retenue par le journal révolutionnaire « Revolución » qui ne la publia quen février 1961. Sa notoriété fut acquise après la mort du révolutionnaire, le 9 octobre 1967, quand léditeur italien Giangiacomo Feltrinelli, qui avait acheté lété davant un ensemble de photos du Che Guevara auprès de Korda, imprima le portrait sur plusieurs affiches quil vendit à des milliers dexemplaires. La légende était en marche. Timbres à sec du photographe, deux devant et deux autres au dos. Dimension marges incluses : 50,7 x 40,4 cm Bon état Certificat dauthenticité du fils du photographe Dante Diaz Korda
Jacques PREVERT (1900 - 1977), poète et scénariste français Lettre des îles Baladar Livre à la couverture cartonnée, 18 x 27 cm, illustrée en couleur, gardes ensoleillées. Composition intérieure bicolore. Menus défauts en page de garde et 4e de couverture. A noter que le livre a été expédié par Jacques Prévert à Maurice Tournier, Trésorerie générale à Caen : trois timbres avec mention du nom du destinataire et son adresse de la main de Jacques Prévert en première de couverture. Charmant ouvrage à la couverture imitant une carte postale, destiné à un public de tout âge. Conte poétique à la tournure surréaliste pour enfant et adulte qui transporte le lecteur vers les îles Baladar. Ouvrage réalisé en collaboration avec lillustrateur André François. Superbe composition de Jacques Prévert réalisée aux feutres et aux crayons de couleur couvrant la deuxième de couverture et le dos de la page de garde, 17,3 x. 50 cm. Dessin représentant un chat tenant dans sa patte une fleur sous un croissant de lune, dédicacé en souvenir de Saint Paul de Vence où le poète et Maurice Tournier, alors directeur des impôts à Nice, avaient sympathisé lors du mariage de Francis Roux à lhôtel-restaurant de la Colombe dOr à Saint-Paul de Vence.
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712 - 1778), philosophe et écrivain genevois Lettre autographe signée à Madame Dupin. 9 avril 1743 ; 2 pages in-4°. Nom du destinataire autographe en en-tête. Très belle lettre dexcuse, emprunte dhumilité, adressée à son hôtesse Madame Dupin, après une maladresse du philosophe qui sétait permis, dans les premiers mois de leur rencontre, alors quelle était mariée, de lui déclarer son amour pendant sa leçon de clavecin. Choquée, Madame Dupin se leva et lui dit : « Chantez-moi cela », puis sortit en lui fermant la porte au nez. Rousseau, confus, se crut perdu et lui écrivit cette lettre magnifique pour se faire pardonner. Cet épisode est relaté dans les Confessions, livre VI : « Madame, Japerçois avec la plus vive douleur, que jai mérité votre disgrâce. Jen sens les effets même en éprouvant votre bonté, et je vois à nen pouvoir douter quil ni a quun sentiment de générosité de vôtre part, qui mait pu garantir du traitement qui métait du ; Votre indulgence Madame ma fait rentrer en moi-même, autant que vôtre mépris ma touché, et jose aujourdhui vous demander grâce, non pas avec lassurance dun homme qui cesse dêtre coupable, mais avec tout le regret dun homme qui se repent de lavoir été. Dans létat ou je me vois réduit je croyais navoir plus rien à risquer. Mais Madame je connais aujourdhui quon ne peut se dire vraiment malheureux quaprès avoir perdu vos bontés et vôtre estime, il ni a point deffort dont je ne sois capable pour en obtenir le retour. Un motif aussi pur doit autoriser mon role, et mes prières ; si vous daignez vous y rendre, vous aurez la satisfaction davoir sauvé du désespoir le plus infortuné de tous les hommes, et vous éprouverez désormais pat mon respect et par ma conduite, que les curs susceptibles dhonneur et de reconnaissance savent convertir jusquà leur égarement mêmes au profit de leur devoir. Je vous suplie aussi, Madame, de pardonner la liberté que jai prise de vous écrire cette lettre en vous adressant un mémoire que vous mavez fait lhonneur de me demander ; Je me répons assez du motif qui la dicté, pour nen craindre aucune nouvelle disgrâce. Daignez Madame, pour toute réponse me rendre les sentiments favorables dont vous maviez ci devant honoré, vôtre bonté les doit à mes malheurs, et vôtre équité à mon repentir. Jai lhonneur dêtre avec un profond respect Madame votre très humble et très obéissant serviteur » Louise Dupin, née Louise de Fontaine, voit le jour le 28 octobre 1706 à Paris. Son père naturel, Samuel Bernard, conte et financier, la marie à Claude Dupin, qui par son mariage, bénéficie de la charge de receveur général des finances et de la générosité de son beau-père. Le couple fait fortune et acquièrent des résidences. Femme de lettres, dune brillante intelligence et dune grande beauté, elle tient dune main de maître des salons littéraires dans ses demeures, fréquentés par les écrivains, philosophes et aristocrate du moment. Voltaire la surnomme « la déesse de la beauté et de la musique ». Rousseau débarque à Paris à lautomne 1741 et rencontre Louise Dupin en mars 1743, au prétexte de lui présenter une comédie. Cette première rencontre trouble profondément le philosophe qui nourrit alors une passion dévorante pour son hôte. Il lui écrit une lettre enflammée quelle considère avec mépris. Cela ne calme pas pour autant ses ardeurs, comme lindique notre lettre. Il faut alors lintervention de Dupin de Francueil pour y mettre un terme. Cette cour assidue nentame pas pour autant la sympathie de Madame Dupin à son égard. Elle lengage comme précepteur de son fils, Jacques-Armand, puis comme secrétaire du couple de 1745 à 1751. Elle sinvestit, avec laide de Rousseau, pour le droit des femmes. Ses idées son novatrices pour lépoque. Elle revendique le droit à légalité, le droit au savoir et à la liberté conjugale, sen prenant au sacrement du mariage et pour le mariage des prêtres
Georges CLEMENCEAU (1841 - 1929), journaliste et homme dEtat français Lettre autographe signée à André Tardieu, commissaire général aux affaires de guerre franco-américaines à Washington. Paris, 24 janvier 1918 ; 3 pages in-8° sur son papier en-tête du président du conseil et ministre de la guerre. Enveloppe conservée Le 16 novembre 1917, Clemenceau est nommé par le président Poincaré président du conseil, soctroyant également le portefeuille de la guerre car comme il le disait : « La Guerre ! C'est une chose trop grave pour la confier à des militaires ! ». Il fait la chasse aux pacifistes et mate les révoltent et mutinerie. Son principe est simple, pour obtenir la paix il faut poursuivre la guerre à outrance et tenir le dernier. Pour cela il a besoin des colonies et du renfort des américains. Au début de l'année 1918, les alliés perdent un front avec la sortie du conflit de la Russie. Les allemands profitent de cette défection pour envoyer d'importants renforts sur le front ouest et tenter d'obtenir une victoire rapide avant l'arrivée effective des Américains. A ce moment critique de la guerre, Georges Clemenceau reste ferme : « Nous tiendrons, voilà tout ce qu'il faut pour le moment » indiquant à André Tardieu que "nous avons devant nous 167 divisions boches, en attendant ce qui est en arrière". Il regrette le retard pris par les troupes américaines : « une division en secteur depuis quatre jours, une autre dans dix ou douze jours. Les deux autres pour le commencement d'avril, c'est à dire en pleine bataille" et « demande la suite le plus tôt possible. » : « Tous mes remerciements pour votre bonne lettre qui est un excellent résumé de situation. Je vois avec plaisir que sans titre fastueux vous faites tout ce qui est possible et même parfois au delà. Comment vous demandez davantage ? J'en aurais trop long à vous dire pour vous exposer, même brièvement, les choses d'ici que votre flair vous permet de pressentir avant que la confirmation ne vous en arrive. Nous tiendrons, voilà tout ce qu'il faut pour le moment. Le reste s'ensuivra. Nous avons devant nous 167 divisions boches, en attendant ce qui est en arrière. Amalgame américain obtenu dans ses parties les plus importantes. Conversations avec les Anglais se poursuivent dans de bonnes conditions. Je ne vous apprends pas que les troupes américaines sont fort en retard. 150000 hommes en France, dont 100000 fusils, une division en secteur depuis quatre jours, une autre dans dix ou douze jours. Les deux autres pour le commencement d'avril, c'est à dire en pleine bataille. Je demande la suite le plus tôt possible » André Tardieu (1876-1945) est un homme d'État français. Il appartient au cercle des premiers fidèles de Georges Clemenceau. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert en 1914 au front, avant d'être appelé à l'état-major du général Foch. Il quitte cette fonction en 1915, avec l'accord du général, pour se consacrer à la politique. En avril 1917, il est nommé commissaire général aux Affaires de guerre franco-américaines à Washington, mission qui a pour but de coordonner l'effort de guerre franco-américain. Après l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, il devient l'interface principale entre les deux pays dans le domaine militaro-industriel. En 1918, il est le bras droit de Georges Clemenceau, président du Conseil, pendant la conférence de la paix de Paris et, en tant que délégué français, président ou membre de nombreuses commissions. Il participe aux négociations qui débouchent sur la signature du traité de Versailles avec l'Allemagne.
Jacques PREVERT (1900 - 1977), poète et scénariste français Lettre des îles Baladar Livre à la couverture cartonnée, 18 x 27 cm, illustrée en couleur, gardes ensoleillées. Composition intérieure bicolore. Menus défauts en page de garde et 4e de couverture. A noter que le livre a été expédié par Jacques Prévert à Maurice Tournier, Trésorerie générale à Caen : trois timbres avec mention du nom du destinataire et son adresse de la main de Jacques Prévert en première de couverture. Charmant ouvrage à la couverture imitant une carte postale, destiné à un public de tout âge. Conte poétique à la tournure surréaliste pour enfant et adulte qui transporte le lecteur vers les îles Baladar. Ouvrage réalisé en collaboration avec lillustrateur André François. Superbe composition de Jacques Prévert réalisée aux feutres et aux crayons de couleur couvrant la deuxième de couverture et le dos de la page de garde, 17,3 x. 50 cm. Dessin représentant un chat tenant dans sa patte une fleur sous un croissant de lune, dédicacé en souvenir de Saint Paul de Vence où le poète et Maurice Tournier, alors directeur des impôts à Nice, avaient sympathisé lors du mariage de Francis Roux à lhôtel-restaurant de la Colombe dOr à Saint-Paul de Vence.
Sonia DELAUNAY (1885 - 1979), artiste peintre abstraite française dorigine ukrainienne Projet de décor Gouache sur papier signée au recto en bas à droite, 30 x 85 cm. Au verso une autre composition à la gouache Provenance : Vente de la collection du décorateur Guillaume Monin, Millon, 16 mars 2012, lot 296. uvre encadrée Guillaume Monin (1908 1978). Après avoir étudié à lécole des Beaux-Arts de Paris, il expose, suivant les conseils de son parrain Jean Cocteau, à la galerie Colle en mars 1937. Cest un immense succès qui lui permet de nouer de précieux contacts dans le milieu de lart, dont notamment Louis Jouvet et Christian Bérard, qui lui donnent lopportunité de réaliser des décors pour le théâtre. Ainsi, il collabore avec Jean Giraudoux pour les pièces dElectre et de La Guerre de Troie naura pas lieu, Jean Cocteau pour dipe Roi et Les parents terribles, sans oublier le cinéma. En 1945, il participe au Petit théâtre de la Mode, au côté de Christian Bérard, exposition à vocation internationale aux fins de relancer la Haute-Couture française. En parallèle, il illustre des livres. A partir de 1958, il se consacre à la décoration dappartements dexception, comme celui de Marie-Hélène de Rothschild, tout en continuant la peinture.
LOUIS XV (1710 1774), roi de France Lettre autographe signée à son petit-fils, Ferdinand 1er de Parme (1751-1802), fils d'Elizabeth de France. Compiègne, 15 août 1768 ; 1/2 page in-4°. Beau cachet de deuil de cire noire aux armes de France et de Navarre. Adresse autographe en quatrième page : « A mon frère, et petit fils Ferdinand enfant d'Espagne duc de Parme, et de Plaisance » Suite à la mort de Philippe 1er, le jeune Ferdinand 1er accède au trône de Parme à lâge de quatorze ans. Le mariage avec Marie-Amélie, archiduchesse dAutriche, aura lieu seulement quatre en plus tard. En effet, le mariage ne peut avoir lieu sans la dispense papale nécessaire en raison de leur proche parenté qui enfreint le droit canonique : « Mon très cher petit fils. Tout le monde de la famille est revenu de la très triste cérémonie de Jeudi en très bonne santé [allusion à une messe donnée pour le repos de lâme de la reine décédée le 24 juin 1768]. Je ne vous parleray plus de votre mariage jusquà ce que jaie des nouvelles dEspagne. Surement les affaires de Rome y contribuent et par-dessus tout les Jésuites quils y veulent joindre, quoiquils naient guère de rapports avec votre temporalité de Parme. Nous avons un très beau temps hier il y eut un très gros orage. Je vous embrasse tendrement, mon cher petit fils » Lettre référencée dans la correspondance Lettres de Louis XV à linfant Ferdinand de Parme Edition Grasset En 1765, suite à la mort de Philippe Ier duc de Parme, de Plaisance et de Guastalla, beau-fils de Louis XV, son fils, Ferdinand 1er, accède au trône de Parme. Le nouveau duc n'a que 14 ans. Les couronnes de France et dEspagne sactivent pour lui trouver une épouse. Après quelques prétendantes qui ne font pas lunanimité, le choix se porte sur larchiduchesse dAutriche, Marie-Amélie, sur de Marie-Antoinette future reine de France. Après lobtention de le dispense papale nécessaire, le mariage est organisé par procuration le 27 juin 1769 à Vienne. Ferdinand 1er a 19 ans et Marie-Amélie 23 ans. La reine Marie- Leszczynska, fille du roi de Pologne Stanislas Leszczynski, épouse le roi Louis XV le 5 septembre 1725. Elle meurt le 24 juin 1768 au château de Versailles à lâge de 65 ans. Elle est inhumée à la basilique Saint-Denis
Salvador DALI (1904 1989), peintre espagnol. Dali en compagnie de son secrétaire particulier Enrique Sabater Tirage argentique, 16,8 x 22,2 cm, signé, avec une petite couronne, et daté au stylo bille par Dali, tamponné au dos par le photographe Meliton Casals dit « Meli ». Jolie photo des deux amis assis sur un banc, très certainement prise chez Dali à Port Lligat ou sur un banc à Cadaques. Cette photo a fait lobjet dune exposition donnée par Enrique Sabater à Paris en 2012 présentant les différents dessins, photos et dédicaces que lui a donnés lartiste. Enrique Sabater a été le secrétaire de Dali pendant dix ans (1968 à 1981) ainsi que son ami. Autodidacte, il fut footballeur professionnel, journaliste, photographe, homme d'affaires dans l'hôtellerie, pilote d'avion, collectionneur, spécialiste et diffuseur de l'uvre de Dalí, avant de devenir son secrétaire et photographe attitré. Provenance : famille de Meliton Casals, "Meli", l'un des photographes de Dali.